Le centre culturel de Belém, à Lisbonne, a accueilli, jeudi 29 et vendredi 30 Avril, la conférence internationale des 3 A (Availability, Accessibility, Affordability) sur les médicaments et les dispositifs médicaux, organisée par INFARMED – l’autorité nationale du médicament et des produits de santé du Portugal – dans le cadre de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne.
Objectif : ouvrir un débat entre les principaux acteurs des politiques pharmaceutiques où seront discutés, selon une perspective intégrée, éthique et durable, les défis à relever, à l’échelle nationale comme à l’échelle européenne.
Lors de la session d’ouverture, les intervenants ont rappelé l’importance de la collaboration et de la coopération internationales, notamment à travers l’effort commun pour rassembler les principaux agents des secteurs des médicaments et des produits de santé.
La ministre portugaise de la Santé, Marta Temido, a ouvert la session par un discours encourageant le renfort de la « coopération au niveau européen et mondial » en matière d’accès aux médicaments et dispositifs médicaux, et a présenté cet effort comme un pré-requis permettant de « garantir le niveau le plus élevé de qualité de vie pour les citoyens ».
Le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé, Tedros Ghebreyesus, a souligné durant son intervention qu’une Europe plus forte est « essentielle à la stabilité sociale, économique et politique » au niveau mondial. Après avoir salué les initiatives européennes de réforme, Tedros Ghebreyesus a énuméré « trois types spécifiques d’action à mener » : « une collaboration plus étroite », de manière à « réduire les écarts » entre les pays et soutenir davantage la recherche et le développement ; une « nomenclature solide» et plus accessible pour les « usagers » et, enfin, une politique de « prix transparente » capable de stimuler la compétitivité et d’assurer la chaîne d’approvisionnement.
La commissaire européenne à la Santé et de la Sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, a, quant à elle, centré son intervention sur la stratégie pharmaceutique de l’Europe. Après avoir rappelé la série de mesures déjà adoptées, comme la réforme du système de soutien et la réduction du temps nécessaire aux procédures d’autorisation, Stella Kyriakides a expliqué que le succès de cette initiative dépendait de la collaboration et de la coordination entre les entités européennes nationales. Elle a conclu en affirmant que la conférence des 3 A « faisait partie de ce processus », puisqu’elle représentait « exactement la marche à suivre pour accomplir notre devoir envers les citoyens ».
Dolors Montserrat, qui a participé à la conférence en tant qu’eurodéputée de la Commission de l’environnement et de la santé publique, a loué l’effort de coopération et de collaboration au sein de l’Union européenne, en citant l’exemple du programme de vaccination, qui comme elle l’a rappelé, permettra cette semaine de distribuer 29 millions de doses – un nouveau « record ». Dolors Montserrat a aussi évoqué les initiatives du Parlement européen dans le cadre du paquet de mesures de l’Union européenne de la santé, notamment l’approbation récente du mécanisme européen de protection civile.
Reconnaissant qu’il existe « encore un long chemin à parcourir », la ministre a exposé les objectifs définis par la présidence portugaise pour lutter contre les inégalités en terme d’accès aux médicaments, comme « le renfort de l’autonomie stratégique dans la production et la distribution de médicaments et la garantie de la viabilité de nos systèmes de santé ».
À la fin de la matinée, le président de l’INFARMED, Rui Santos Ivo, a salué l’adhésion des participants à la conférence, qui aura permis, selon lui, « d’identifier des mesures concrètes » pouvant devenir des propositions de la présidence pour les conclusions du Conseil.
Cette première journée de la conférence des 3 A, a réuni plus de mille personnes au cours de diverses sessions. Il était possible d’assister à diverses sessions parallèles, en complément des sessions principales sur les thèmes de la disponibilité des médicaments et des dispositifs médicaux, de l’innovation et de l’accessibilité des médicaments et des dispositifs médicaux pour les patients.
Lors de la deuxième journée, consacrée à la question de l’autonomie stratégique en matière de médicaments et de produits de santé, agents de contrôle, industriels, patients et professionnels de santé exposeront leur point de vue.
Le secrétaire d’État à la Santé, Diogo Serras Lopes a refermé la session en rappelant les trois axes de la conférence – disponibilité, accessibilité et autonomie stratégique – et en alertant sur le fait qu’il faudra « considérer les coûts et les prix, non seulement des médicaments mais aussi des dispositifs médicaux » puisque « tous les pays doivent faire face à des coûts très élevés pour des technologies de santé qui surchargent les budgets des systèmes de santé, une augmentation des dépenses qu’il ne pourra pas se maintenir à long terme ».
Serras Lopes a aussi insisté sur la nécessité « de plus de transparence dans la négociation des prix des médicaments et des dispositifs médicaux », expliquant que « cela pourra, très certainement, advenir grâce à une meilleure intégration des systèmes de santé, en donnant à l’Union européenne le pouvoir de ses 500 millions de citoyens pour renforcer l’efficacité et l’autonomie stratégique des systèmes universels de santé ».